« Le capitaine Ferber » : L'ILLUSTRATION (25 Septembre 1909)

Officier de haute valeur, ancien professeur à l'Ecole d'application de Fontainebleau, le capitaine Ferber (né à. Lyon le 8 février 1862) peut être considéré comme le véritable précurseur de l'aviation en France. 
A une époque où les expériences des hommes volants provoquaient la risée générale, il s'intéressa passionnément aux tentatives de Lilienthal, et, le 30 septembre 1899, sur un planeur de 8 mètres de surface, il se lançait d'un sommet des environs de Genève. Deux ans plus tard, seulement, aux environs de Nice, il réussissait un premier vol plané de 25 mètres.

Dès lors, il construit et expérimente une série d'appareils qui lui permettent d'établir des chiffres et de dégager quelques principes dont s'inspireront bientôt tous les pionniers de l'aviation. Un des plus curieux parmi ces appareils fut « l'automobile à hélices », grand châssis monté sur quatre roues, qui était propulsé par deux hélices aériennes. Entre temps, il faisait partie de la commission officielle envoyée à Dayton pour s'aboucher avec les frères Wright.

Mais, réduit à ses seules ressources, ne pouvant obtenir aucun crédit du ministère de la Guerre, il se laissa devancer par M. Santos-Dumont. Il n'en conçut d'ailleurs aucune amertume. Après avoir essayé divers aéroplanes de son invention, il avait adopté le type actuel de biplan à queue. Connaissant à fond la théorie de son appareil, manoeuvrant parfois avec une certaine aisance. il étonnait ses amis par l'irrégularité des résultats obtenus. Il était pourtant d'une grande vigueur physique et sa prudence, peut-être plus raisonnée qu'instinctive, semblait propre à le garer de tout accident, grave.

Il ne montait jamais en aéroplane sans avoir d'énormes genouillères en cuir et un casque comme ceux que portent les motocyclistes.

Il prit part cette année au meeting de Vichy, puis à celui de Reims où il ne réussit à voler que le dernier Jour. Il avait concouru à Juvisy, pour des prix de peu d'importance, et dans la dernière semaine, il avait réalisé, à Douai, quelques jolies performances, les plus belles peut-être de sa carrière d'aviateur.

Aimable et spirituel, d'une simplicité avenante, le capitaine Ferber s'était fait une place à part, dans le monde de l'aviation où l'on appréciait autant la distinction de ses manières que la souplesse de son esprit et l'étendue de son érudition.

LE POU-DU-CIEL DANS LA FRANCE DE L'AVANT-GUERRE